J'écris quand même.
Ecrire, c'est dur. Surtout quand on a l'impression que ce que l'on produit n'est pas bon. Mais ce jugement de valeur a-t-il un réel fondement ?
Depuis l’automne dernier, je travaille à l’écriture, la réalisation et la production de « Duo de plumes », notre podcast littéraire co-animé avec Catherine Rolland. Évidemment, c’est beaucoup de boulot ; organisation des séances d’enregistrement, préparation du matériel, promotion, montage des épisodes… Heureusement que nous sommes deux !
Mais c’est super, j’apprends beaucoup et je m’éclate à créer ces contenus.
Depuis janvier, date officielle de démarrage, nous avons déjà publié trois épisodes, disponibles sur toutes les plateformes de podcast et sur YouTube.
Maintenant, je dis que c’est super, mais c’est aussi un affreux consommateur de temps. Depuis le début de cette aventure, je dois trouver et « compresser » du temps pour continuer à écrire (en plus de cette activité), l’écriture étant pour moi mon cœur de métier.
Et puis en plus, il y a le day job — ou les day jobs. Janvier, c’est un mois de rentrée dans le centre de formation où je travaille. Avec l’accueil des nouveaux étudiants, le démarrage de gros projets et la préparation de toute une série de cours (qu’il faut ensuite donner), je n’ai pas besoin de chercher à m’occuper. Je travaille aussi pour une autre structure en plein développement de son offre de formation en ligne — quatre e-learnings à monter, développer et produire (et c’est très intéressant). Et je travaille sur un nouveau thriller, tout en m’appliquant aux dernières corrections du second tome de Timeskippers, et en écrivant Dans les marges, la newsletter mensuelle pour mes lecteurs (vous n’êtes pas encore inscrit ? Cliquez sur le bouton bleu !)
Avec tout le côté day job et la production du podcast, on peut dire que j’ai un problème d’activité (de suractivité, peut-être) et j’arrive à la fin de mes journées bien fatigué.
Oui, c’est moi qui l’ai voulu, et c’est cool ! Mais c’est là pour moi où est le danger. Lorsque je me mettais devant mon clavier pour écrire mon prochain roman, les mots qui venaient me semblaient alors stupides, sans valeur. Dans cet état, j’avais l’impression d’écrire de la m*, l’impression que cela ne valait pas le coup.
Souvent, cela me faisait abandonner, et je pouvais délaisser mon histoire pendant plusieurs jours, jusqu’au week-end. Et ce premier jet n’avançait pas.
Pourtant, depuis quelques semaines, cela n’arrive plus.
Voici ce qui a changé : j’écris quand même.
Ce que j’ai compris, c’est que ma perception de ce que j’écris et plus en rapport avec mon état de fatigue qu’avec la qualité réelle du texte.
Or, la qualité de mon travail d’écriture n’a aucune relation avec le sentiment que j’en ai au moment de l’écriture. Je peux avoir passé une mauvaise journée, être démotivé et produire un bon texte, tout comme je peux sortir d’une nuit de neuf heures de sommeil par une belle journée ensoleillée et écrire un passage mauvais.
Ma propre perception de la qualité du texte que je produis est en rapport avec tout sauf le texte. Si j’ai l’impression d’avoir écrit une suite de phrases sans intérêt, c’est plus en rapport avec mon manque de sommeil, les conflits dans ma vie ou mon niveau de sucre dans le sang qu’avec mon texte.
Réaliser cela est libérateur, parce que cela change tout : je peux m’asseoir à mon clavier, sortir de mon imagination les bons mots, et s’ils ne viennent pas, écrire tout de même un texte que je peux percevoir comme « mauvais » alors qu’il peut être « potable » ou même « bon », et que quoi qu’il en soit, je peux toujours faire des changements après.