Pensées & Opinions

Un blog à l'ancienne, quoi.

Idées, opinions, perspectives, des articles de blog sur tout ce qui m’intéresse.

Le bon état d'esprit pour gérer son temps

Le bon état d'esprit pour gérer son temps

Quelle est la plus importante des ressources dont nous disposons, vous et moi ? Ce n’est pas l’argent, ce ne sont pas nos connaissances ni nos relations. Notre ressource la plus précieuse est notre temps.

Le temps passe inexorablement, et l’on ne peut pas en créer de nouveau : une fois « dépensé », il est impossible de le récupérer. Quand on y réfléchit, toutes les autres ressources peuvent être recréées ou fabriquées (avec du temps).

J’ai abordé le problème du point de vue de l’écriture dans un précédent article. En tant qu’auteur, l’une des pistes à explorer pour sortir de l’obscurantisme et toucher plus de lecteurs, c’est d’écrire plus. Pour cela, il faut du temps. Par voie de conséquence, c’est un sujet de recherche constant, et je collectionne les idées récoltées au fil des lectures, des articles et des vidéos.

Voici en quelques points un résumé de l’état d’esprit qui me permet de mieux gérer mon temps.

Hell yes or no!

Un concept que j’ai découvert via Derek Sivers, et qui permet de protéger son temps. On vous propose un nouveau projet, vous demande de participer à quelque chose ? La réponse par défaut devrait être non. C’est seulement si cela vous donne envie de dire « mais tellement oui ! » que vous y consacrerez du temps.

Il m’est arrivé de nombreuses fois de dire oui à un projet pour de mauvaises raisons. Pour aider quelqu’un, ou bien à cause de l’idée qu’on se fait du travail en question (souvent décalée, ou carrément fausse), ou encore pour un (faux) sentiment de culpabilité. Et je me retrouvais à utiliser mon temps pour quelque chose qui n’en valait pas la peine, au détriment de mes propres projets.

Je suis certain que cela vous est déjà arrivé. Cherchez bien : c’est même très courant. Savoir dire non est l’une des plus importantes compétences à acquérir.

Deep work

La traduction littérale, « travail profond » n’est pas élégante, je lui préfère la version originale, mais le concept est le même. Il s’agit de tout travail effectué dans un état de concentration sans distraction, qui pousse les limites des capacités cognitives. L’idée s’approche du flow du psychologue Mihaly Csikszentmihalyi ; cet état dans lequel on plonge dans les grands moments de concentration, durant lequel la notion de temps s’efface et qui produit un sentiment de satisfaction important. On l’éprouve en codant, en s’entraînant, et pour ma part, je cherche à être dans le flow en écrivant.

Si le concept vous intéresse, voir cet article analysant le livre de Mihaly Csikszentmihalyi.

En complément de ce concept, la notion de coût cognitif associé au changement de tâche est importante à comprendre. Le simple fait de passer d’un travail à un autre, d’une tâche à une autre, dépense de l’énergie cognitive (du temps de cerveau).

Dans la pratique, j’essaye de pratiquer ces deux concepts en travaillant sur mes projets importants en tout premier (cf. « 3-2-1 »), et tous les jours, et en minimisant les interruptions : téléphone dans une autre pièce, outils permettant de n’avoir aucune notification ni aucune possibilité de distraction.

80/20 mindshift

Vilfredo Pareto (1848 – 1923), un économiste et sociologue italien, est l’inventeur de la loi de Pareto, également connue sous le nom de règle des 80/20. Cette loi stipule qu’environ 80 % des résultats proviennent de 20 % des causes.

J’essaie de garder cela en tête en plaçant le plus d’effort sur les 20 % qui donneront les meilleurs résultats. Ce concept peut s’appliquer à priori dans tous les domaines, et donc aussi à l’écriture.

3-2-1

C’est une façon de répartir et d’organiser les tâches à faire, et qui s’interface avec les autres principes énoncés plus haut (la loi de Pareto et le concept de deep work).

Pour simplifier, si j’ai une journée de travail de 6 heures devant moi, je vais consacrer les trois premières heures au projet ou à la tâche la plus importante, les deux suivantes à la seconde plus importante et la dernière heure aux plus petites activités, de moindre importance. C’est la répartition qui est importante, donc si je n’ai que trois heures à disposition, cela ferait 90 minutes, 60 minutes et 30 minutes.

Ce découpage permet d’être plus efficace, et donc de passer moins de temps pour accomplir le même travail.

D’autres astuces en vrac.

Il y a des gens qui, quoi que vous fassiez, vont consumer votre énergie. Souvent, ils ne s’en rendent même pas compte. Je les appelle des vampires d’énergie, et j’essaie de leur échapper au maximum.

Une bonne façon de voir les choses est aussi de calculer son taux horaire. C’est une vision plus orientée business, mais cela permet d’estimer la valeur de son temps en faisant une sorte de conversion. Si ce que vous êtes en train de faire rapporte moins que votre taux horaire, alors vous devriez considérer de le déléguer ou de louer les services de quelqu’un pour le faire à votre place, et utiliser votre temps pour une activité qui rapporte au moins autant que votre salaire horaire.

L’automatisation est la clé en matière de gestion de temps. S’il est possible d’automatiser un processus, et ainsi d’éviter de le répéter (et donc de perdre du temps), alors il vaut mieux le faire ; c’est un investissement en temps qui va en fait en libérer plus tard. Si l’on étend cette façon de voir, il faut dans l’idéal créer des systèmes pour presque tout (sauf peut-être ce qui est créatif). Par exemple, j’ai établi un système pour ne rien rater des différentes phases de correction d’un manuscrit. J’en ai un autre pour la création de mes ebooks, qui décrit étape après étape, ce que je dois faire pour ne rien oublier dans ce processus parfois complexe.

Enfin, essayons de garder en tête un mantra qui fonctionne encore une fois mieux en anglais : « health = wealth » (littéralement et de manière maladroite, « la santé c’est la richesse au sens large »). De nombreuses études ont démontré que l’activité physique stimule les capacités cognitives, créatives et intellectuelles ; en fait elles sont étroitement liées. Entretenir son corps permet donc d’être au meilleur de ses capacités à la fois physiques et intellectuelles. Entretenir sa santé mentale va dans le même sens, et je ne saurais trop conseiller à tous ceux que je croise de penser aux deux.

Pour conclure, faites comme moi, un tour de ce qui se fait de mieux dans la gestion du temps de manière à trouver ce qui vous convient, et appliquez ces conseils pour en mesurer les effets.


Merci de me lire ! Pour réagir à cet article, poursuivons la discussion sur Mastodon.

Si vous souhaitez me suivre sans dépendre des réseaux sociaux, vous pouvez vous abonner à ma newsletter (sur mon site cyrilvallee.com) ou simplement au flux RSS de ce site.

Trouver le temps d'écrire

Trouver le temps d'écrire

En 2011, j’avais une superbe idée pour un thriller technologique. Je ne savais pas comment m’y prendre, et jamais je n’avais attaqué un aussi gros projet d’écriture. J’imaginais qu’il me faudrait six à huit mois pour finir le livre. Trois ans plus tard, je publiais ce qui allait devenir mon premier roman : Totem.

Après des débuts intéressants (« Wow ! D’autres personnes que la famille et les amis sont intéressés ! Wow ! Des commentaires ! Wow, des bons commentaires !! ») et la satisfaction d’avoir mon premier roman dans les mains, j’ai compris que je voulais continuer, c’est-à-dire écrire et publier le plus possible, parce que j’adorais le processus entier, depuis l’idée jusqu’au produit final, le livre.

Très vite, écrire est devenu un besoin.

Dans le même temps, si j’écris, c’est pour mon plaisir aussi bien que pour celui des autres, ceux qui ont passé un bon moment avec ce premier bouquin, qui pourraient aimer le suivant et d’autres romans que j’écris. Petit à petit, l’envie de toucher plus de lecteurs me gagne, ce qui nous amène au réel problème de tout écrivain.

Le problème de tout jeune auteur est de faire connaître son travail.

Le problème des jeunes écrivains c’est l’obscurantisme. En 2009 déjà, j’ai eu la chance d’avoir une réponse de l’un de mes écrivains fétiches, Cory Doctorow, au mail que je lui ai envoyé à l’époque. L’une des conclusions était précisément ce point ; en fait, il s’agit de rendre nos textes accessibles au plus grand nombre.

Il existe différentes possibilités pour augmenter sa visibilité (voir cet article de J.F. Penn), mais souvent sur un point qui ressort plus souvent que les autres : il faut publier plus, et donc il faut écrire plus. Non seulement cela augmente votre visibilité, mais vous allez améliorer votre écriture.

Alors, ça tombe bien : j’aime ça, écrire. Mais… (parce qu’il y a toujours un mais).

⌾⌾⌾

Le dayjob

Me v’là beau.

Non, parce que la grosse majorité des écrivains ne peut pas vivre exclusivement de son écriture et a un travail alimentaire — les anglophones, avec ce sens de l’efficacité linguistique, utilisent le mot dayjob. Bien entendu, je ne fais pas exception.

Vous me voyez venir avec mes gros sabots qui laissent des traces dans le beurre. Je n’ai pas réussi à écrire mon premier roman en moins de deux ans, et il faudrait que je trouve du temps – encore plus de temps – pour écrire plus !

Au fil des jours, j’avais mis en place une routine bien rodée qui me permettait d’écrire mille mots par jour. La quantité n’est pas le plus important, ce qui compte est bien la régularité. Mais ça n’a pas raté : elle a volé en éclats avec la prise de nouvelles fonctions professionnelles dans le dayjob… Qui m’ont bien occupé deux ou trois années.

Il faut bien manger, ma bonne dame. Et puis en plus, je l’aime bien, mon dayjob.

Comment faire, alors, pour dégager du temps ?

« Voler » du temps pour écrire.

Certains, comme Sophie Gliocas dans sa chouette newsletter Gang de Plumes, étudient le problème à leur façon, et Sophie tombe sur une évidence : si écrire est un besoin, il va falloir faire des sacrifices.

C’est là où cela devient compliqué (et non complexe), parce qu’à chacun sa vie, et donc à chacun ses solutions. Vous devrez piquer des idées chez les autres, les mélanger aux vôtres et en ressortir un système qui fonctionne pour vous. Je partage ici quelques trucs qui ont fonctionné pour moi, cela peut vous servir de point de départ.

Pour ma part, à force de bricoler, j’ai trouvé des petites astuces bien personnelles, piquées à droite et à gauche, et qui peuvent éventuellement aider à écrire plus. En vrac, je vide le sac :

  • Changer ses horaires (d’écriture) : écrire tard le soir, ou bien tôt le matin peut vous permettre d’écrire mieux, donc d’écrire plus vite (donc plus). J’ai essayé pendant un temps de me lever à 5 h et de consacrer une heure devant mon clavier avant tout le reste. Pendant une autre période de ma vie, j’étais un oiseau de nuit, travaillant après 22 h. J’ai maintenant coupé la poire en deux et je fractionne… Parce que c’est plus adapté à mon mode de vie.
  • Écrire en groupe : le fait de devoir rendre des comptes, tenir ses engagements peut vous aider à garder une certaine motivation et faire taire la petite voix qui s’exprime dès que l’on s’approche du clavier. C’est celle qui dit : « Netflix, Neeeetfliiiiix ! » (remplacez par votre moyen de procrastination préféré). Rendre des comptes peut rabaisser le caquet à cette petite voix, c’est un ressort psychologique très utile. Vous pouvez rejoindre un groupe d’écriture, participer au NaNoWriMo ou avec des amis. Mais ce n’est pas obligatoire non plus : publier son compte de mots journalier quelque part peut suffire (c’est le cas de Doctorow qui poste ses progrès sur son compte Mastodon par exemple, ou créer une barre de progression sur son site personnel…) Dernièrement, c’est la barre de statistiques de Scrivener qui me pousse de manière très efficace : une fois que la machine est lancée, je profite de l’élan.
  • Écrire en fractionné : à la pause midi, dans les transports, quand vous avez cinq minutes par-ci, cinq minutes par là. Petit à petit, les mots s’accumulent dans la journée et vous pouvez atteindre vos objectifs sans bloquer un grand moment.
  • Écrire même quand on n’écrit pas : un peu de temps en voiture durant lequel vous pouvez réfléchir à la prochaine action de vos personnages, à résoudre des problèmes sur la structure de votre histoire, etc. En fait, même quand on n’écrit pas, on écrit.

En bref, toutes ces techniques permettent de récupérer un peu de temps là où l’on pensait ne plus en avoir, et retrouver une certaine régularité d’écriture. Je persiste dans cette idée, je pense que créer l’habitude d’écrire est ce que vous pouvez faire de mieux pour avancer dans votre projet.

Bien sûr, cette préoccupation de la production est très anglo-saxonne. Je n’ai pas encore trouvé de blog d’écrivain francophone qui décrit ses habitudes d’écriture, ses problèmes, les coulisses. C’est aussi pour cela que je publie ces articles sur mon site.

Trouver du temps pour écrire, même lorsque l’on court deux boulots dans la même journée et qu’il faut s’occuper des enfants, a été pour moi une histoire de priorité (et donc, de sacrifices). Identifier tous ces moments où je peux glisser l’écriture dans les interstices, les utiliser, et bloquer des temps bien définis et sacralisés, uniquement consacrés à l’écriture.

Avant tout, vous devez trouver ce qui vous convient, et vous y tenir.

Si vous ne lisez que quelques livres en 2024, lisez ceux-là.

Si vous ne lisez que quelques livres en 2024, lisez ceux-là.

 « Celui qui ne lit pas aura vécu une seule vie. Celui qui lit aura vécu 5000 ans. La lecture est une immortalité en sens inverse. »

— Umberto Eco

2024 ne promet rien de mieux que la complexité et la même accélération que chaque année avant elle. Peut-être sera-t-elle meilleure, peut-être sera-t-elle pire. Plus de la moitié du monde va voter pour élire de nouveaux leaders. La montée de l’extrême droite dans les démocraties occidentales est inquiétante. Qui sera choisi ? Des conflits sont latents, lesquels vont exploser ? La seule chose sûre est l’incertitude des temps à venir.

Que peut-on y faire ? Peut-on s’y préparer ?

La lecture est un investissement sur soi, quelle que soit sa forme : fiction, non-fiction, savoir-faire, développement personnel, classiques, biographies. Ces livres sont un moyen d’apprendre ce qui est arrivé dans le passé, ce qui risque de se reproduire. Ils aident à clarifier la pensée, à être plus ouvert, à prendre plus de perspective. Ils sont une tradition perpétuée depuis des milliers d’années, jusqu’à nos jours, fruit de nombreuses heures de travail et de pensée sur des sujets difficiles. Pourquoi faire l’impasse sur tant de sagesse ?

En gardant ceci en tête, voici quelques livres – quelques-uns récents, d’autres plus anciens – qui vous aideront à traverser 2024, à atteindre vos objectifs et à vivre une vie meilleure.

Non fiction

Atomic Habits de James Clear (Un Rien peu tout changer)

Si l’on excepte la version française du titre, discutable, ce livre est une vraie pépite. L’auteur décrit la formation des habitudes, comment se débarrasser des mauvaises et comment en créer de nouvelles pour atteindre les objectifs que l’on se fixe. Dans le monde chaotique qui se développe, il est intéressant de développer de bonnes habitudes. Ici, le mot « atomique » est judicieux : il évoque à la fois la plus petite unité sur laquelle se concentrer pour développer ces bonnes habitudes, mais aussi le fait que cela peut déclencher une réaction en chaîne qui peut mener à de grands changements.

Je l’ai lu en août 2019, et pourtant j’ai encore en tête les concepts développés par James Clear. Pour moi, c’est le signe d’un grand livre.

Méditations de Marc Aurèle

J’ai découvert les idées des stoïciens il y a quelques années, au travers de ces pensées qui ont traversé les millénaires. Ici, il convient de choisir une bonne traduction (évitez les exemplaires à l’origine douteuse qui fleurissent en ebook), et l’on peut trouver des versions commentées intéressantes.

L’un des concepts de base m’a beaucoup aidé à traverser les difficultés ces dernières années. C’est l’idée que l’on devrait se préoccuper que de ce qui est dans notre sphère de contrôle : si l’on ne peut absolument rien faire à propos d’un problème, alors pourquoi porter le fardeau de s’en inquiéter ?

Le livre a longtemps trainé dans mon sac ; j’y reviens souvent piquer des passages ou relire les notes que j’ai laissées en marge.

Four Thousands Weeks de Oliver Burkeman

L’auteur utilise un concept intéressant : en moyenne, l’espérance de vie d’un être humain peut être ramenée à 4000 semaines. Partant de là, Burkeman remet en question les méthodes traditionnelles de gestion du temps, en soulignant l’importance d’accepter nos limitations et la brièveté de la vie, symbolisée par ces 4000 semaines. Il propose de se concentrer sur ce qui est vraiment significatif, en abandonnant l’illusion de pouvoir tout faire pour vivre une vie plus riche et plus satisfaisante.

Deep Work : Retrouver la concentration dans un monde de distractions de Cal Newport

La capacité de se concentrer profondément sans distraction sur des tâches exigeantes cognitivement est essentielle pour exceller. Newport présente des stratégies pour cultiver cette compétence rare et précieuse, en proposant un changement dans les habitudes et des façons de penser qui permettent de favoriser ces moments de travail profond.

The War of Art de Steven Pressfield

Je relis ce (petit) livre à chaque fois que je me lance dans un nouveau projet (d’écriture ou autre). Pressfield décrit la lutte quotidienne contre une entité qu’il nomme la Résistance (notez le R majuscule), et qui nous empêche de réaliser ce que l’on veut (créer). C’est cette voix multiforme — « Demain ! Tu commenceras demain. », « Tu n’es pas au niveau, ce n’est pas pour toi. » — qui peut se cacher sous bien d’autres aspects de la vie, de manière quotidienne, et qui vous empêche d’avancer.

À chaque lecture, Pressfield m’aide à en prendre conscience, à la reconnaître, à l’ignorer.

Fiction

Les oiseaux du temps de Amal El-Mohtar

Bleu et Rouge s’affrontent dans une guerre temporelle. Malgré le fait qu’ils sont ennemis, ils s’engagent dans une correspondance interdite qui traverse les âges et les lieux. À la fois poétique et précis, ce cours récit a provoqué beaucoup d’émotions. Il y a un aspect philosophique à la transformation et la fluidité des deux personnages à travers le temps et l’espace, et c’est mystérieusement troublant et intéressant.

Journal d’un Assasynth de Martha Wells

Depuis des années, je vois ce titre passer dans les articles de blog et les critiques sont dithyrambiques. Pourtant, j’ai toujours hésité à le lire, et j’ai réalisé récemment que je n’aimais pas le jeu de mot dans le titre (assassin synthétique). D’accord, c’était idiot, parce qu’une fois passé ce « problème » personnel, j’ai découvert une histoire passionnante au point de m’être enchaîné la lecture de toute la série.
Le contraste entre la vision mathématique et purement logique du personnage principal et son besoin d’humanisation est ce qui émeut en premier ; lorsqu’on prend du recul, on se rend compte que cela nous aide à porter un regard différent sur la condition humaine. Et puis : des combats réglés en millisecondes ! Des interactions hilarantes ! Tout un univers !

Projet Dernière Chance de Andy Weir

J’ai beaucoup aimé Seul sur Mars, du même auteur. On reste dans le domaine de la science-fiction avec cette histoire, avec un problème inverse : cette fois l’humanité est menacée. Au final, ce qui m’a le plus intéressé est l’histoire de la rencontre avec une forme de vie intelligente radicalement différente, et de pourtant passer outre ces problématiques pour arriver à communiquer et travailler avec elle, dans un objectif commun. Et comment faire quand celui d’en face ne porte pas d’yeux, vit dans une atmosphère de méthane et dans un corps qui ressemble à un énorme coquillage ?
C’est de la hard SF, avec des explications scientifiques détaillées (un peu comme dans son premier succès) qui tiennent la route, mais qui servent le récit.


Il fallait choisir, parmi les dizaines que j’ai lus dans l’année, quelques livres que je recommanderai. Bien sûr, vous pouvez avoir une tout autre sélection. Faites comme moi : partagez votre liste, que ce soit dans un blog ou en répondant à cet article si vous êtes abonné (si vous ne l’êtes pas : c’est gratuit et cela vous permet, en plus de recevoir une nouvelle policière et la possibilité de laisser des commentaires sur ces articles).

Et puis, si des livres vous ont émus ou bouleversés dans l’année passée, relisez-les.

J'écris quand même.

J'écris quand même.

Depuis l’automne dernier, je travaille à l’écriture, la réalisation et la production de « Duo de plumes », notre podcast littéraire co-animé avec Catherine Rolland. Évidemment, c’est beaucoup de boulot ; organisation des séances d’enregistrement, préparation du matériel, promotion, montage des épisodes… Heureusement que nous sommes deux !

Mais c’est super, j’apprends beaucoup et je m’éclate à créer ces contenus.

Depuis janvier, date officielle de démarrage, nous avons déjà publié trois épisodes, disponibles sur toutes les plateformes de podcast et sur YouTube.

Maintenant, je dis que c’est super, mais c’est aussi un affreux consommateur de temps. Depuis le début de cette aventure, je dois trouver et « compresser » du temps pour continuer à écrire (en plus de cette activité), l’écriture étant pour moi mon cœur de métier.

Et puis en plus, il y a le day job — ou les day jobs. Janvier, c’est un mois de rentrée dans le centre de formation où je travaille. Avec l’accueil des nouveaux étudiants, le démarrage de gros projets et la préparation de toute une série de cours (qu’il faut ensuite donner), je n’ai pas besoin de chercher à m’occuper. Je travaille aussi pour une autre structure en plein développement de son offre de formation en ligne — quatre e-learnings à monter, développer et produire (et c’est très intéressant). Et je travaille sur un nouveau thriller, tout en m’appliquant aux dernières corrections du second tome de Timeskippers, et en écrivant Dans les marges, la newsletter mensuelle pour mes lecteurs (vous n’êtes pas encore inscrit ? Cliquez sur le bouton bleu !)

Avec tout le côté day job et la production du podcast, on peut dire que j’ai un problème d’activité (de suractivité, peut-être) et j’arrive à la fin de mes journées bien fatigué.

Oui, c’est moi qui l’ai voulu, et c’est cool ! Mais c’est là pour moi où est le danger. Lorsque je me mettais devant mon clavier pour écrire mon prochain roman, les mots qui venaient me semblaient alors stupides, sans valeur. Dans cet état, j’avais l’impression d’écrire de la m*, l’impression que cela ne valait pas le coup.

Souvent, cela me faisait abandonner, et je pouvais délaisser mon histoire pendant plusieurs jours, jusqu’au week-end. Et ce premier jet n’avançait pas.

Pourtant, depuis quelques semaines, cela n’arrive plus.

Voici ce qui a changé : j’écris quand même.

Ce que j’ai compris, c’est que ma perception de ce que j’écris et plus en rapport avec mon état de fatigue qu’avec la qualité réelle du texte.

Or, la qualité de mon travail d’écriture n’a aucune relation avec le sentiment que j’en ai au moment de l’écriture. Je peux avoir passé une mauvaise journée, être démotivé et produire un bon texte, tout comme je peux sortir d’une nuit de neuf heures de sommeil par une belle journée ensoleillée et écrire un passage mauvais.

Ma propre perception de la qualité du texte que je produis est en rapport avec tout sauf le texte. Si j’ai l’impression d’avoir écrit une suite de phrases sans intérêt, c’est plus en rapport avec mon manque de sommeil, les conflits dans ma vie ou mon niveau de sucre dans le sang qu’avec mon texte.

Réaliser cela est libérateur, parce que cela change tout : je peux m’asseoir à mon clavier, sortir de mon imagination les bons mots, et s’ils ne viennent pas, écrire tout de même un texte que je peux percevoir comme « mauvais » alors qu’il peut être « potable » ou même « bon », et que quoi qu’il en soit, je peux toujours faire des changements après.

La collision des idées

La collision des idées

Début des années 2000. Je suis un fan de la série TV Stargate SG-1. Durant la troisième saison, SG-1 doit affronter des robots arachnides construits de petites briques programmées pour se répliquer seules et évoluer à chaque itération. Ils consomment l’énergie et les matières premières qu’ils attaquent pour se développer, « dévorant » tout ce qui les entoure. Évidemment, leurs créateurs en perdent le contrôle et ces machines engloutissent des civilisations entières. Ce concept de robots qui s’améliorent pour leur survie après chaque génération, un peu comme l’évolution Darwinienne, m’intéresse beaucoup ; je la note dans un carnet.
2003 : Un article attire mon attention : Emerging Consciousness as a Result of Complex-Dynamical Interaction Process. L’idée qu’une forme de conscience pourrait émerger d’interactions complexes entre de petites unités est séduisante ; je la note dans un carnet.

Six ans plus tard, je suis en plein développement de mon premier roman. Parmi les concepts au cœur de l’intrigue, un système de programmes autoréplicants qui évoluent en ne gardant que les générations qui « progressent » après l’introduction de variations aléatoires dans leur code.
Ce concept est le résultat direct de la collision de deux idées notées des années plus tôt dans un carnet.

La plus petite idée peut être utile

Ce mix et remix, mélange d’idées à priori différentes et qui donne naissance à une nouvelle idée originale, je l’appelle la « collision » des idées. On en a d’ailleurs discuté, avec ma camarade de podcast Catherine Rolland, dans l’épisode 2 de Duo de plumes.
Depuis des années je collectionne les saynètes, idées, et bribes de conversations ; j’ai tendance à noter tout ce qui m’interpelle, me surprend, me plait ou déplait, car je ne sais jamais ce qui sera utile.

Conséquence immédiate: j’ai toujours sur moi un carnet A6 dans lequel je recueille ces idées et extraits de vie au milieu des listes de courses et des approximations de coins de tables. Je varie les marques et les modèles (ces derniers temps, ma préférence est pour les Leuchtturm1917, en trame à points), mais sous une forme ou une autre, j’en glisse toujours un dans ma poche, avec un bon stylo.
Quand ces carnets sont remplis, j’en commence un nouveau, et ainsi de suite. Il m’arrive d’en utiliser deux par année, d’autres pourront me durer des dizaines de mois en fonction de ce qui attise ma curiosité ; au fil des ans, ils s’accumulent dans mon bureau.

L’accélérateur de particules

L’astuce, c’est de relire de temps en temps ces pages à la recherche de ces notes. Pour m’alléger l’esprit, j’ai programmé une tâche récurrente dans mon calendrier tous les trois mois.
C’est simple de les retrouver ces passages en feuilletant les carnets puisque je laisse un petit symbole ressemblant vaguement à une ampoule dans la marge. Et c’est aussi assez fun, car relire ce qui entoure ces idées dans le temps, c’est comme un témoignage de ce qui me préoccupait au moment de la captation, ce qui peut remettre du contexte et raviver des souvenirs.

Le reste se passe dans la tête. Au bout d’un temps, certaines de ces idées peuvent entrer en collision, et il se produit ce qui pourrait arriver à l’intérieur d’un accélérateur de particules : lorsqu’un électron percute à haute vitesse un proton, une nouvelle particule est créée.
Ces idées qui se rentrent dedans, se bousculent et s’entremêlent en forment de nouvelles, des chimères qui sont plus intéressantes encore.

Si le résultat titille mes neurones, je note le produit de ces collisions comme une nouvelle idée ou un nouveau concept. Pour la plupart, cela en reste là, parfois durant des années. Elles peuvent aussi être combinées à nouveau, et ainsi de suite. Mais d’autres finissent par donner naissance à un roman ou à y occuper une place prépondérante.

Pour moi, cela fonctionne bien. Le secret est de noter tout ce qui attire mon attention, quel que soit le domaine (de fait: plus les sources sont variées, mieux c’est), de relire ces carnets régulièrement et de laisser mon subconscient mélanger et faire des connexions, malaxer cette matière comme on le ferait pour préparer une pâte à pain.

Ce concept de collision des idées rejoint la thèse derrière le documentaire Everything is a remix de Kirby Ferguson, et c’est aussi ce que vous avez sûrement lu quelque part : tout a déjà été raconté, écrit, mais pas par vous. Il en résulte que les nouvelles idées sont forcément issues du mélange (remix) d’idées plus anciennes.

J’utilise cette « méthode » depuis des années et c’est de là que sont sorties les idées les plus intéressantes pour mes romans.
Et si c’est une « méthode », elle est simple. Pour ne rien rater, noter toutes les idées, même celles qui ne semblent pas pertinentes sur le moment (le tri se fait par après, comme s’il opérait en tâche de fond dans mon cerveau), et les relire régulièrement.

C’est réjouissant, et cela explique pourquoi je ne suis jamais à court d’idées ; ce qui crée les nouvelles idées pour mes romans vient… d’idées plus anciennes remixées. Une sorte de mouvement perpétuel qui nourrit mes histoires et mes romans.