Pensées & Opinions

Un blog à l'ancienne, quoi.

Idées, opinions, perspectives, des articles de blog sur tout ce qui m’intéresse.

Rendre Nos Livres Accessibles

Rendre Nos Livres Accessibles

Mars 2025. Le Salon du livre de Genève bat son plein, et je partage le stand du Gahelig (Groupe des Auteurs Helvétiques de Littérature de Genre) pour une heure et demie de dédicaces. Il y a beaucoup de monde et la fatigue commence à se faire ressentir en ce début du troisième après-midi.
Une jeune femme s’approche, elle attire mon attention, car, de toute évidence, elle est malvoyante. Je ne me souviens plus vraiment ce qui se passe dans ma tête, mais une des questions les plus probables est de savoir comment elle peut apprécier un tel événement si elle ne peut pas avoir accès aux livres.

Et c’est une très bonne question (merci de l’avoir posée).

Très vite, la glace est rompue, et après quelques échanges sur mes livres, Céline Witschard se présente et m’explique l’association Plein Accès, dont le but est de mettre à disposition des personnes en difficulté de lecture le maximum de livres.
Une fois qu’elle a récupéré un texte, Plein Accès se charge de le convertir en différents formats comme l’audio, l’e-book avec polices adaptées et de multiples autres formes, de manière à ce que ces personnes puissent lire l’ouvrage. Elle rend l’ouvrage accessible ensuite au travers du catalogue numérique Mona Lira
Du côté du lecteur, une petite cotisation (de l’ordre de 5 CHF) donne accès à tout le catalogue que propose l’association (on parle de magazines, de livres de non-fiction, d’œuvres de fiction, etc.). Et il ou elle peut choisir le format qui lui convient le mieux pour accéder au texte de la manière la plus adaptée à ses difficultés.

Je résume à la hache, ici (si vous me pardonnez cette expression). Si vous souhaitez en savoir plus, tournez-vous vers l’épisode 14, saison 2 de Duo de Plumes. Car après notre discussion avec Céline, Catherine et moi voulions en savoir plus, et surtout pouvoir présenter l’association à un maximum de personnes.
Car le nombre d’ouvrages disponible dans leur catalogue est encore trop réduit, notamment pour la littérature de genre.

J’ai donc mis à disposition de Plein Accès tous mes livres publiés jusqu’à aujourd’hui afin de contribuer au catalogue, et si vous êtes auteur, je vous encourage à prendre contact avec eux et à faire de même:


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Passer en Temps Evenement Pour Plus De Creativite

Passer en Temps Evenement Pour Plus De Creativite

Le psychologue et sociologue Robert Levine propose une appréhension intéressante du temps. Selon lui, il y a deux approches au temps: le « temps-horloge » et le « temps-événement ».

Certaines cultures travaillent avec le temps-horloge: les gens font les choses qu’ils ont à faire en fonction de l’heure qu’il est. Le déjeuner est à telle heure, la prochaine réunion à telle autre heure.
Les cultures qui ne fonctionnent pas sur une approche temps-horloge ont tendance à fonctionner sur un rapport temps-événement. Le déjeuner aura lieu quand on a faim, la réunion après le déjeuner. Elle durera jusqu’à ce que l’objectif soit atteint, et si on n’a pas faim d’ici là, on commencera alors la réunion suivante. De cette manière, les événements peuvent tout à fait être décalés dans le temps. C’est un modèle que les gens habitués à fonctionner avec l’autre approche (avec un rapport au temps - à l’heure - important) ont du mal à accepte.

Si l’on veut être efficient, l’approche temps-horloge est la meilleure.
Si l’on veut être efficace, l’approche temps-événement est la meilleure.

Pour tous les travaux créatifs, l’approche temps-événement est la plus adaptée. La créativité est différente de la pensée analytique (où l’approche temps-horloge est plus indiquée), elle demande une pensée par découvertes (c’est l’idée lumineuse qui apparait soudain, comme par magie) et l’approche temps-événement y est plus propice.
En plus, cette approche favorise la pensée positive, elle enlève ou élimine la sensation d’oppression temporelle créée par les environnements de travail en entreprise (par définition pressés par le temps pour respecter le calendrier de production).

La plupart des gens switchent entre les deux modes en fonction de la tâche à accomplir, sans s’en rendre compte.
Quand vous êtes devant quelque chose qui demande de la qualité et de la créativité, il faut passer à cette approche temps-événement.


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Auteur prolifique ?

Auteur prolifique ?

Il y a des auteurs qu’on prend pour modèles. C’est comme cela qu’on commence à avoir envie d’écrire (en tout cas c’est mon cas, j’en parle dans l’un des épisodes de Duo de plume).
Parfois, l’effet est inverse. Quand on voit la production de plusieurs de ces modèles, on peut se bloquer, se dire que jamais on n’atteindra ce niveau. Que ce soit du côté de la qualité littéraire, du storytelling, ou de la quantité.

Je pense à Georges Simenon (plus de 400 romans), Jules Vernes (60 romans), Camus, Zola. Plus proche de nous (et parmi mes écrivains de polar préférés), Maxime Chattam, Jean-Christophe Grangé ont un rythme soutenu depuis de nombreuses années.

Si l’on veut trouver une définition, on pourrait dire qu’un auteur prolifique publie un à cinq livres par an, depuis plusieurs années. Et une telle production peut paraître inaccessible, et peut bloquer. C’est dans ce sens que je parle de l’effet inverse du modèle.

Pourtant…

Si l’on compte en nombre de mots publié, histoire de faire quelques divisions sur un coin de table, cela représente 120 000 à 500 000 mots par année (jusqu’à 3 millions de caractères espaces comprises).

C’est énorme (?)

Mais quand on ramène cela à la journée, cela représente 1370 mots. Au bas mot, c’est une heure et demie d’écriture tous les jours.
Quatre-vingt dix minutes quotidiennes, et l’on peut être considéré comme un auteur ou une autrice prolifique.
Et moi, quand observe ce phénomène sous cet angle, cela semble plus accessible.
Parce que l’écriture est au cœur de ma vie, je sais que trouver une heure et demie par jour, ce n’est rien.

Il y aura des mauvaises langues pour vous dire que « coucher les mots sur le papier », ce n’est pas tout : pour publier un livre, il y a aussi les phases d’édition, la recherche d’un éditeur ou d’un moyen de publier, les corrections, la création de couverture, le marketing, le réseautage… Ouaip. Oui, c’est sûr.

Mais ça doit commencer par là : l’écriture. Sans le texte, sans un flux de nouveaux mots de fiction originaux, il n’y a rien, à part des excuses. Ajoutons à cela le fait qu’écrire plus permettra d’affiner son jugement, de trouver son style, d’augmenter la qualité des fictions que l’on produit.

Je ne sais pas vous, mais moi, j’y retourne.

DREAM, un outil de développement narratif des personnages.

DREAM, un outil de développement narratif des personnages.

DREAM est un outil pour développer les arcs narratifs des personnages

À la base de toutes les histoires, il y a les personnages, leurs besoins et leurs désirs. Au début, ils sont dans un certain état (leur situation sociale, leur vision du monde, leur entourage, etc.), et, passés les rebondissements de l’aventure qu’ils vivent tout au long du roman (de la nouvelle, de la blague), ils en ressortent changés.
Cette évolution du personnage, les anglophones l’appellent character arc.

L’écoute du podcast Writing Excuses (que je vous recommande, au même titre que celle de Procrastination) cet après-midi, m’a permis de découvrir un nouvel outil pour appréhender cette évolution des personnages. Il tient en un acronyme : DREAM.

**DREAM** est un aide-mémoire pour

  • Denial : le **Déni**
  • Resistance: la **Résistance**
  • Exploration: l’**Exploration**
  • Acceptance: l’**Acceptance**
  • Manifestation: la **Manifestation**

A l’origine décrit par Elisabeth Boyle, dans le cadre de la romance (puisque c’est sa spécialité), on se rend compte qu’il peut être utilisé pour toute forme d’évolution de personnage.
Confronté à un désir ou un problème, le personnage va d’abord être dans le déni, puis va résister, tenter la solution, accepter le nouvel état et la manifestation va être l’action qui va en résulter.

Prenons l’exemple, juste pour la démonstration de Luke Skywalker.
Lorsque Luke apprend qu’il est un Jedi, il commence par **refuser** : ce n’est pas possible ; il est fils de fermier, et surtout, son rêve est de devenir pilote, pas de rentrer dans un ordre pseudo-religieux. Puis il **résiste** : il doit aider son oncle à la ferme, et dès que possible, il partira pour apprendre à piloter.
Au fil du temps, Luke **explore** la possibilité que ce soit possible: aux côtés de Ben Kenobi, il commence à sentir la force en lui.
Lors du dernier combat, il finit par **accepter** la force et sa propre évolution, la **manifestation** étant son exploit permettant de détruire l’Étoile noire: il vise sans les assistance informatiques de bord, pour le dernier tir possible pour y arriver.

Les étapes sont obligatoires, l’une permettant de passer à l’autre. On ne peut pas passer du déni (« je ne suis pas un Jedi ») directement à (« je vais quand même voir un peu ce que c’est que d’utiliser la force »), sans passer par la phase de résistance active, et ainsi de suite.

DREAM est un outil intéressant à avoir dans sa trousse d’écrivain. J’imagine l’utiliser pour détecter un oubli, identifier quelque chose qui clocherait dans l’évolution d’un personnage, en prenant un peu de recul devant son parcours et en identifiant les différentes phases de son arc narratif face à un problème.

Je ne pense pas l’appliquer pendant l’écriture (en tout cas durant l’écriture du premier jet), mais ce peut être très utile pendant l’élaboration du plan, ou bien après, à la recherche de problème(s) sur un manuscrit déjà écrit.


References

Writing Excuses : https://writingexcuses.com]( https://writingexcuses.com)
Procrastination : Procrastination Saison 2 by Elbakin.net | Elbakin Net | Free Listening on SoundCloud


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L'ébauche découverte: écrire son premier jet sans corriger.

L'ébauche découverte: écrire son premier jet sans corriger.

À l’occasion des enregistrements de notre podcast, nous discutons souvent cuisine interne avec ma complice Catherine Rolland. Comparer les façons de travailler et les habitudes d’écriture est toujours intéressant. Catherine, par exemple, produit des premiers jets de très bonne qualité, qui ne nécessitent que peu de corrections par la suite.

Et j’en suis incapable.

Pourtant, dans nos livres, nous proposons tous les deux à nos lecteurs l’éclat d’un texte peaufiné, travaillé et corrigé pour atteindre la meilleure qualité possible.

Comme beaucoup d’autres écrivains, Catherine corrige au fur et à mesure de son écriture, dès la première version. Pour ma part, je suis un partisan de ce que je nomme l’Ébauche Découverte. Quand j’écris mon premier jet, je déverse toutes mes idées sur la page sans me préoccuper de la qualité ou de corriger les fautes.

Je sépare le moment de l’écriture du moment de la correction.

Si vous corrigez et écrivez en même temps, vous étouffez votre créativité.

Avant tout, j’ai besoin de me raconter l’histoire à moi-même, de la sortir le plus vite possible en suivant ma structure (et en la faisant évoluer). Ce premier jet ne sera de toute façon lu par personne d’autre que moi. Il est criblé d’annotations, de commentaires, de points de recherche. En fait, j’ai veux conserver l’élan pour arriver au bout de mon roman.

Si je commence à corriger les fautes de frappe, d’orthographe et de grammaire, l’ordre des mots, je perds cet élan et la concentration qui allait avec ; je sors du flow. Et c’est encore pire si je dois faire une recherche au moment du premier jet. En me demandant si les huissiers de l’Élysée portent une cravate ou un nœud papillon, je me retrouve en trois clics à traîner sur un blog anglais ou plus chronophage, sur YouTube. Trois heures plus tard, je n’ai rien avancé (et il n’est pas garanti qui j’ai la réponse à ma question).

Je sais qu’il y a matière à discussion : pour certains auteurs, il est inconcevable de laisser passer ne serait-ce qu’une faute de frappe — elle est là, je la vois, deux ou trois mots en arrière, alors pourquoi ne pas la corriger tout de suite ? Ils prennent le temps de cette correction, et ce qui est certain, c’est qu’ils produisent un premier jet bien plus « propre » que les miens.

Mais cela ne correspond pas à ma façon de travailler, en fait, j’en suis incapable. Il est possible que j’aie un sérieux déficit de l’attention, mais je crois que cela peut arriver à tous, bien plus facilement qu’on ne le pense. C’est pourquoi je ne m’attache plus à la forme lors de ce premier jet, qui devient pour moi l’ébauche découverte. Rien ne doit interrompre cette lancée et j’ai une tactique pratique, si je tombe sur une question au cours de l’écriture. Comment s’appelait ce personnage secondaire, déjà ? Comment s’écrit « myriade » ? Il faut que je détaille plus la description, ici. Quand cela arrive (souvent), j’utilise une combinaison de lettres rarissimes dans la langue usuelle : TK ; il me suffit ensuite de faire une recherche dans mon texte pour trouver les endroits à corriger ou à compléter après quelques tours sur les internets.

Corriger fait appel à la partie analytique du cerveau. Écrire utilise la partie créative.

Faire les deux en même temps, c’est comme conduire un bolide avec les pieds à la fois sur l’accélérateur et la pédale de frein.

Je fais donc tout pour ne pas interrompre mon écriture (on reviendra sur les bases, comme le portable dans une autre pièce, couper l’accès wifi ou même passer à une machine à écrire dédiée… dans un prochain article).

Pour citer un maître :

Write first, edit later.
— Stephen King

Peut-être que ce n’est pas pour tout le monde. Pour ma façon de travailler, l’ébauche découverte est ce qui me correspond le mieux.


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